Blog du FC Horbourg-Wihr

jeudi 29 juillet 2010

Strasbourg retire sa candidature à l'Euro 2016

Roland Ries, maire de Strasbourg et Jacques Bigot, Président de la Communauté Urbaine de Strasbourg, font part du retrait de la candidature de Strasbourg à l’Euro 2016 dans un courrier au président de la Fédération Française de Football, Fernand Duchaussoy.

Strasbourg renonce finalement à sa candidature pour l'Euro 2016 (Photo DNA)


"Aucune suite n’a été donnée par le Président de la République, le Gouvernement et la Fédération Française de Football à la situation particulière de Strasbourg. En effet, les conditions de la candidature de celle-ci à l’Euro 2016 ont été très largement modifiées entre juin 2009 et juin 2010, du fait de la descente du Racing Club de Strasbourg en Nationale. Celui-ci, au contraire des clubs dans les autres villes candidates, se trouve dans l’incapacité totale aujourd’hui de participer au montage financier de l’opération de reconstruction du stade de la Meinau. Or, ce montage, pour rester dans le calendrier de l’UEFA, devrait être bouclé au plus tard à la fin de cette année", déplorent les deux élus dans un communiqué diffusé ce matin.

Pour traiter cette situation difficile, Roland Ries et Jacques Bigot avaient formulé, dès le 1er juin dans un courrier adressé au Président de la République, des propositions précises, rappelle le communiqué qui les détaille :
• Participation de l’Etat portée de 10 % à 35 % du coût du projet comme cela avait été pratiqué en 1998 pour la Coupe du Monde de Football en France ;
• Reversement aux villes organisatrices d’une partie des excédents financiers liés à l’organisation de l’Euro 2016, à l’identique également de ce qui avait été fait en 1998 ;
• Création d’un fonds d’aide à l’investissement en faveur des stades par une partie des droits de télévision et par un prélèvement sur les paris en ligne, correspondant à une juste contribution du football professionnel, principal bénéficiaire de la rénovation des stades".

"Aucune réponse n’a été apportée à ces propositions", regrettent Roland Ries et Jacques Bigot qui poursuivent : "Dans ces conditions, sur un montant de 160 millions d’euros d’investissement, 130 millions d’euros restent aujourd’hui à la charge de la Communauté Urbaine de Strasbourg. Le risque ne peut pas être pris de devoir in fine demander aux seuls contribuables de Strasbourg et de son agglomération de supporter la charge de ces 130 millions d’euros."

Dernière phrase du communiqué : "C’est pourquoi, à regret mais en responsabilité, Roland Ries et Jacques Bigot retirent la candidature de Strasbourg pour l’Euro 2016."

Après ce retrait il reste 11 villes candidates pour accueillir les matches du Championnat d'Europe 2016: Stade de France (Saint-Denis), Parc des Princes (Paris), Lens, Lille, Bordeaux, Nice, Toulouse, Marseille, Lyon, Saint-Etienne, Nancy. Neuf seront choisis d'ici au 28 mai 2011, deux autres seront désignés stades de réserve.

Jean-Philippe Maurer, député UMP, ne comprend pas
Jean-Philippe Maurer, député UMP de Strasbourg déclare dans un communiqué qu'il "ne comprend pas la façon dont cette annonce vient de se faire "." Ce projet porté par beaucoup de Strasbourgeois et d’Alsaciens amoureux du football méritait une discussion ouverte et publique. Il me semble que l’urgence n’était pas une déclaration brutale fin du mois de juillet sans que ni le conseil municipal, ni le conseil communautaire n’aient été réunis pour en débattre.»

Les raisons d'un abandon
La crise financière est passée par là et les déboires du club résident, le Racing Club de Strasbourg, n'ont fait qu'aggraver les choses. La décision de retirer la candidature de la capitale alsacienne pour accueillir des matches de l'Euro 2016, et donc de rénover le vieillissant stade de la Meinau, semblait de plus en plus probable. Elle a été officialisée hier.

A la foire européenne de Strasbourg, en septembre 2009, l'heure était à l'enthousiasme pour la candidature à l'Euro 2016. Les « ambassadeurs » et les partenaires (ici, Roland Ries) portaient l'écharpe verte et tapaient symboliquement dans le ballon. (Photo archives DNA)


Nancy sera peut-être la seule ville du grand Est à accueillir des matches de l'Euro 2016. Après le retrait des candidatures messine, puis strasbourgeoise hier, le chef-lieu de Meurthe-et-Moselle reste en lice parmi 11 villes de France - 9 d'entre elles seront choisies avant le 28 mai 2011, les deux autres étant désignées « stades de réserve ».


Le maire Roland Ries et le président de la communauté urbaine Jacques Bigot (tous deux PS) ont fait savoir hier matin, sous forme d'un modeste communiqué de presse, que Strasbourg avait jeté l'éponge.

L'euphorie exagérée de 2009
La capitale alsacienne argue en premier lieu du « contexte sportif » qui a défavorablement évolué en quelques semaines. Si Nancy peut se targuer de disposer d'une équipe en Ligue 1, Strasbourg est relégué en National. « La récente descente du Racing Club modifie substantiellement le modèle économique sur lequel a été bâti le projet de reconstruction du stade de la Meinau, précisent ainsi MM. Ries et Bigot. Le RCS ne peut être ni un partenaire financier de ce projet, ni participer en payant un loyer élevé, au moins à court terme. »

L'enthousiasme qui a accompagné la mise en orbite de la candidature strasbourgeoise s'est émoussé au fil de la crise financière et des déboires sportifs du Racing. D'abord porté par l'ex-président du club Philippe Ginestet, le projet d'un « Eurostadium » financé par le géant anglo-saxon Hammerson et associé à l'Euro 2016 est abandonné à l'orée de l'été 2009. La ville de Strasbourg prend alors le relais avec un enthousiasme qu'on peut juger rétrospectivement surprenant : 2 000 personnes rassemblées au bord du Rhin posent pour une photo aérienne en août 2009 ; la Foire européenne est, en septembre, l'occasion de réitérer l'attachement des Strasbourgeois à cette candidature.

Rappelons qu'à l'époque, le Racing est en Ligue 2 et qu'il est encore raisonnable d'espérer une remontée en Ligue 1. La municipalité PS entend aussi laver l'échec de 1998 : Strasbourg n'avait accueilli aucun match du Mondial français...

La chute du Racing change la donne
A l'été 2010, rien ne va plus. Le Racing est exsangue. La communauté urbaine de Strasbourg mesure l'importance du sacrifice financier à consentir - un montant estimé à 160 millions d'euros - pour rénover un stade de la Meinau dont le club résident ne figure plus dans l'élite mais qu'il faudrait hisser aux normes de l'Euro pour quelques matches seulement.

Les édiles réclament un « soutien financier » à l'État et à l'UEFA. Au sein de la municipalité de gauche fusent des dénonciations du « foot business ». L'État doit porter sa participation de 10 % à 35 % du montant du projet, insistent Roland Ries et Jacques Bigot à partir de la fin mai.

Dans le même temps, les « excédents financiers liés à l'organisation de l'Euro » et les droits télé perçus par les instances du football professionnel sont appelés à contribution. La déclaration, assortie de courriers envoyés aux autorités compétentes, ressemble à un ultimatum.

Des considérations politiques
A la fin juin, le retrait de la candidature est quasiment acté : il suffira que ni l'État ni la FFF ne répondent pour que Strasbourg jette l'éponge.

La cohésion au sein de la municipalité strasbourgeoise était sans doute aussi à ce prix. On ne comptait plus récemment les adjoints de Roland Ries exprimant ouvertement leur désaccord avec un tel investissement. Les alliés Verts sont montés au créneau... L'actuel maire de Strasbourg, élu en 2008 sous la double promesse de modération fiscale et d'investissements « à taille humaine » au service des habitants, n'a pas voulu se dédire.
C'est courageux, mais est-ce vraiment populaire ?

Denis Tricard

Duchaussoy (FFF) « déçu »
Le président par intérim de la Fédération française de football (FFF), Fernand Duchaussoy, s'est déclaré « déçu » du retrait de la candidature de la ville de Strasbourg pour accueillir des matches de l'Euro 2016 de football. « C'est une déception car Strasbourg, cité au rayonnement international, avait naturellement sa place au sein des onze autres sites retenus pour la compétition »,a poursuivi le président. Pour sa part, Jean-Claude Plessis, président du Racing a souligné : « C'est un choix politique et financier. Je respecte la décision du maire et du conseil municipal. C'est dommage mais on peut aussi penser que c'était un investissement lourd sans avoir de certitudes en termes de retombées. Je note surtout que la mairie s'est rapprochée du club dernièrement. Nous avons un travail en commun à effectuer et je ne vais pas critiquer leur décision. Mon commentaire est davantage à court terme, l'Euro 2016 est tellement loin. Ma préoccupation ultime, c'est le championnat 2010-2011, ce qui m'obsède, c'est la remontée du Racing en Ligue 2 la saison prochaine. On travaille pour ramener le club en Ligue 1 le plus vite possible. La question de la modernisation du stade se posera, on fera avec ce que l'on aura. »

« Investir trente millions d'euros à la Meinau, c'est envisageable »
Strasbourg n'aura pas de stade aux normes Euro 2016, mais ça ne signifie pas que la Meinau ne pourra pas être rénovée.
C'est seulement en 2011 que la Fédération française de football (FFF) dira quels stades recevront les matches de l'Euro 2016 et quels seront les deux stades de « réserve ». C'est loin, 2011, insiste Jacques Bigot, président (PS) de la communauté urbaine de Strasbourg, qui avait besoin de délais plus courts. Parce qu'à la rentrée de septembre, les services de la communauté urbaine auront peut-être à préparer une délibération, soumise aux élus, concernant la rénovation du stade de la Meinau.


Une rénovation aux normes de la Ligue 1, où Strasbourg espère bien revenir. Cela fait une différence de taille, financièrement s'entend, avec les normes du championnat d'Europe des nations : « Pour mettre le stade de la Meinau aux normes de la Ligue 1, il faudrait investir trente millions d'euros. C'est envisageable », appuie M. Bigot.

« Forfait avant la compétition »
On est loin des 160 millions d'euros - au bas mot - de la configuration Euro 2016.

La dépense a fait tiquer jusque dans les rangs de l'opposition. Le député-maire (UMP) de Lingolsheim, Yves Bur, n'a pas hésité à manifester son désaccord, avec d'autres. A tel point que le conseiller municipal (UMP) Robert Grossmann fustige davantage la façon, « sans la moindre concertation », que le fond de la renonciation elle-même. Il est rejoint par le député (UMP) Jean-Philippe Maurer, qui réclamait « une discussion ouverte et publique ». Plus durs, les proches de la sénatrice Fabienne Keller accusent MM. Ries et Bigot d'avoir « déclaré forfait avant le début de la compétition ».

Le complet décalage entre l'enthousiasme de 2009 et la décision d'hier, accompagné d'atermoiements intermédiaires, est sans doute ce qui marquera le plus défavorablement les esprits. C'est ce à quoi a su échapper Jean-Marc Ayrault, maire (PS) de Nantes, en retirant la candidature de sa ville suffisamment tôt.

Les regrets seront d'autant plus vifs chez bon nombre de Strasbourgeois : la grande fête du foot européen n'aura pas lieu dans la capitale européenne, à deux pas de l'Allemagne, demi-finaliste de la récente Coupe du monde.



 

(C) DNA - juillet 2010

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