Sans surprise, Fernand Duchaussoy a été élu président intérimaire de la Fédération française de football par les membres du Conseil fédéral réuni ce vendredi après-midi au siège de la FFF. L'ex-patron de la Ligue de football amateur, 67 ans, succède à Jean-Pierre Escalettes, démissionnaire depuis le 2 juillet dernier, et pourrait rester en place jusqu'en avril ou juin 2011.
Fernand Duchaussoy convoquera Raymond Domenech dans les prochains jours. (Maxppp)
A vrai dire, il n'y avait aucun suspense. Seul candidat déclaré à la succession de Jean-Pierre Escalettes, Fernand Duchaussoy a logiquement été élu président par intérim de la Fédération française de football par les membres du Conseil fédéral réuni ce vendredi après-midi au siège de la "3F" dans le 15e arrondissement de Paris. Une décision qui n'aurait pas été prise à l'unanimité puisque, sur les 19 membres appelés à voter, deux, que l'on peut imaginer issus du football professionnel, ont voté contre, et trois autres se sont abstenus. Autre surprise, cet ancien professeur de Sciences Physiques (de 1966 à 2002) restera en poste au-delà du 18 décembre, date de la prochaine Assemblée fédérale de la FFF qui sera l'occasion pour les acteurs du football français, amateurs comme professionnels, de présenter leurs projets de modification des statuts de la FFF.
Pour ne pas multiplier les tenues d'élection, sachant que les statuts sont amenés à évoluer après les états généraux du football français, Duchaussoy prolongera son intérim au plus tard lors de l'Assemblée Fédérale d'été de juin 2011, ou à l'occasion d'une Assemblée exceptionnelle convoquée au printemps 2011. Jusque-là président de la Ligue de football amateur, le Nordiste, 67 ans, chausse donc les crampons que Jean-Pierre Escalettes a abandonnés le 2 juillet dernier, au moment où sa démission a été officialisée. "Je suis honoré de la confiance accordée d'autant plus qu'elle a été validée par l'ensemble des familles du foot, a-t-il réagi. Je suis cependant amer de succéder à mon ami Jean-Pierre Escalettes dans une des périodes les plus noires, dans une crise sportive et morale." Il hérite du même coup des dossiers de son prédécesseur, lequel a semble-t-il eu du mal à passer la main, et doit régler en priorité le cas Raymond Domenech, dont le contrat de sélectionneur des Bleus arrive à échéance le 31 juillet.
Un calendrier chargé
Aucune décision n'a encore été prise sur le sort de l'ancien sélectionneur des Bleus. Réintègrera-t-il la direction technique nationale dès le 1er août comme prévu ou sera-t-il licencié ? Les membres du Conseil fédéral, qui lui reprochent de ne pas avoir serré la main de Carlos Alberto Parreira à l'issue du match France-Afrique du Sud et de ne pas avoir fait remonter à Jean-Pierre Escalettes les insultes de Nicolas Anelka à son encontre à la mi-temps de France-Mexique, ne sont pas tombés d'accord. Fernand Duchaussoy, partisan de son licenciement, rencontrera Raymond Domenech "dans les jours à venir", sans doute la semaine prochaine. "Je lui ferai un certain nombre de reproches et j'en tirerai les conséquences",a-t-il promis avant d'ajouter, peu convaincu que l'ancien sélectionneur des Bleus soit sur la même longueur d'onde, "s'il souhaite démissionner, je ne pense pas que je m'y opposerais."
Sujet tout aussi sensible, et indépendant de la décision de Laurent Blanc de se passer des internationaux présents en Afrique du Sud, le cas de Franck Ribéry et Karim Benzema, mis en examen dans le cadre de l'affaire Zahia pour sollicitations des relations tarifiées avec une mineure. Sont-ils sélectionnables en équipe de France ? Invité à répondre à la question, le président intérimaire de la Fédération française de football (FFF), qui s'était exprimé contre cette possibilité avant d'embrasser ses nouvelles fonctions, a botté en touche. "J'ai la certitude que pour porter le maillot de l'équipe de France, il faut être absolument « clean » mais c'est un sentiment de citoyen. En tant que président, j'ai des responsabilités et l'une d'elles est de respecter ce que Laurent Blanc souhaite", a-t-il déclaré.
Moins chaudes, le reste de ses missions sont tout aussi importantes pour l'avenir de la FFF et de l'équipe de France. "Je suis parfaitement conscient de la nécessité d'une réforme en profondeur sur les quatre sujets suivants: nos statuts de notre mode de gouvernance et notre organisation; notre manière de diriger; notre capacité à travailler en équipe et notre manière de communiquer, notamment en direction des médias", a-t-il déclaré. Sans oublier la préparation des Etats généraux voulus par le président de la République et programmés fin octobre. "Aucun sujet ne sera tabou: la réforme des statuts, les nouveaux modes de gouvernance (...) le mode d'élection du nouveau président", a-t-il assuré. Le plus dur ne fait que commencer pour celui qui se rêve déjà plus qu'un simple intérimaire...
Le discours de Duchaussoy
Tout juste élu président intérimaire de la Fédération française de football (FFF) par le Conseil fédéral, Fernand Duchaussoy, qui succède à Jean-Pierre Escalettes, a prononcé dans la foulée son premier discours de politique générale dont voici le compte-rendu:
"Je viens d'être élu Président de la Fédération Française de Football par le Conseil Fédéral. Je suis honoré par la confiance qui m'est accordée, d'autant plus qu'elle a été validée par l'ensemble des composantes du Football Français. Je suis cependant amer de succéder à mon ami Jean-Pierre Escalettes dans une période noire du Football Français, touché à la fois par une crise sportive et morale.
Une crise sportive, provoquée par le parcours désastreux de l'Equipe de France en Afrique du Sud, mais aussi une crise morale sans précédent, qui a entrainé la démission de Jean-Pierre Escalettes.
Je suis parfaitement conscient de la gravité de la situation et de la responsabilité qui m'incombe. Je suis parfaitement conscient de la nécessité d'une réforme en profondeur sur les 4 sujets suivants:
- Nos statuts, garants de notre mode de gouvernance, et notre organisation,
- Notre manière de diriger,
- Notre capacité à travailler en équipe,
- Et notre manière de communiquer, notamment en direction des médias.
Je suis parfaitement conscient de l'ampleur de la tache qui m'attend, moi et mon équipe, au travers d'un calendrier qui s'annonce chargé. Je voudrais partager avec vous tous les points qui guideront mon action. Tout d'abord le Bilan, et notre devoir d'inventaire. Nous en avons la responsabilité vis-à-vis de l'ensemble de nos concitoyens. Pour avancer et construire, il nous faut faire le deuil des évènements qui se sont déroulés en Afrique du Sud, et analyser les erreurs commises, afin d'en tirer toutes les conséquences.
En ce qui concerne les joueurs, une commission de 3 membres a été nommée. Elle rendra ses conclusions au Conseil Fédéral, qui saisira si nécessaire la commission de discipline, seule instance habilitée à sanctionner. Avec Jacques Lambert, je rencontrerai Raymond Domenech, dans les jours à venir. Des faits inacceptables, contraires à l'éthique, ont été commis. Vous comprendrez que, compte tenu des circonstances, je ne peux vous en dire plus. Dans notre gouvernance actuelle, la responsabilité du Conseil Fédéral, y compris la mienne, est en cause. Nous nous sommes trompés, et avons laissé dériver une situation dont le point d'orgue a été le 20 juin et le bus de la honte.Je vous affirme droit dans les yeux qu'il n'y aura plus jamais de Knysna, car nous avons toutes les cartes en main pour rebondir.
Au delà de toutes les réformes qui peuvent être mises en oeuvre, j'ai bien conscience que ma responsabilité première est de restaurer la confiance : confiance dans le football, confiance dans la fédération, confiance dans ceux qui portent nos couleurs. La confiance ne se décrète pas, elle se gagne.
Je vous ai parlé du passé, parlons maintenant de l'avenir : notre Fédération assure une mission de service public. Elle se doit d'organiser, de développer et de contrôler l'enseignement et la pratique du football, sous toutes ses formes, sur tout le territoire. La famille du foot, ce n'est pas uniquement sa vitrine : l'équipe de France et les pros. C'est aussi, et surtout, les centaines de milliers de joueurs, d'arbitres, de dirigeants, d'éducateurs..."
Le parcours de Duchaussoy
Voici la fiche d'identité de Fernand Duchaussoy, président intérimaire de la Fédération française de football (FFF):
Né le 30 décembre 1942, à Senonches (Eure-et-Loir)
Marié, 2 enfants
Licencié ès Sciences
Professeur de Sciences-Physiques de 1966 à 2002
Carrière sportive:
Gardien de but à l'AS Berck et SC Abbeville (1956-1985)
16ème de finale de Coupe de France en 1963 (Abbeville Toulon)
Carrière de dirigeant:
Président du club de l'AS Rang Du Fliers (1981-1988)
Membre du Comité Directeur du District Côte d'Opale (1988-1992)
Président du District Côte d'Opale (1992-1997)
Président du Comité Départemental du Pas-de-Calais (1993-1995)
Président de la Ligue du Nord Pas-de-Calais (1997-2005)
Président de la Ligue du Football Amateur depuis 2005
Vice-président de la Fédération Française de Football depuis 2005
Vice-président du CNOSF depuis 2009
Distinctions:
Médaille d'or Jeunesse et Sport (2000)
Chevalier de la légion d'honneur (2009)
(C) Sports.fr - juillet 2010
(C) Sports.fr - juillet 2010
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