Blog du FC Horbourg-Wihr

lundi 3 août 2009

Le Penalty (coup de pied de réparation en bon français !)

Si près et si loin : l’art du penalty(FIFA.com)
Vendredi 31 juillet 2009


A voir la joie de certains joueurs lorsque l'arbitre désigne le point de penalty, on pourrait croire que l'exercice n'est qu'une formalité. Or, entre le point blanc dans la surface de réparation et l'éventuel tremblement des filets, il y a bien plus que quelques secondes et onze petits mètres... FIFA.com se penche sur l'art du penalty, de sa préparation à son exécution, en passant par les spécialistes du genre, les buteurs historiques ou les tireurs maudits.

La beauté du football, c'est son côté irrationnel et imprévisible. Pourtant certains persistent à vouloir percer tous ses secrets. Les chercheurs de l'Université John Moores de Liverpool, par exemple, pensent avoir trouvé la formule du penalty parfait. Cinq ou six pas d'élan, une frappe à 105 km/h ou plus, un angle de 20 à 30 degrés afin que le ballon passe la ligne à exactement 50 cm de la transversale et d'un des poteaux, bon courage ! De leur côté, les statisticiens de Castrol ont constaté que 95,4% des penalties tirés en hauteur font mouche, tandis que seulement 71,3% des tentatives vers la partie basse des buts finissent au fond des filets.

Président brésilien et héros tchèque
Alors le penalty, une formalité ? Pas vraiment... S'il existe des spécialistes de la discipline et au contraire des joueurs qui espèrent ne jamais avoir à s'y coller, c'est bien que l'exercice requiert des compétences particulières. Outre une frappe puissante et précise, il faut un mental d'acier avant de s'élancer. "La condition physique et la détermination sont des facteurs importants au moment de la frappe", confirme le Brésilien Dunga, dont le pied n'avait pas tremblé lors de la finale de la Coupe du Monde de la FIFA 1994. "Au Brésil, on dit que les tirs au but sont si importants que seul le président devrait être autorisé à les tirer !"

Certains footballeurs ont d'ailleurs assumé de hautes fonctions depuis les onze mètres. Le plus célèbre est peut-être le Tchèque Antonín Panenka. Il ne manqua qu'un seul penalty dans sa carrière mais surtout laissa une trace indélébile dans l'histoire du football : une balle piquée après une feinte de frappe pour marquer le tir au but de la victoire en finale de l'Euro 1976 face à l'Allemagne. Geste qui devint pour l'éternité une "Panenka". "Je suis heureux d'avoir laissé une trace", reconnaît fièrement son inventeur. "Ce penalty m'a rendu célèbre. D'un autre côté, je pense avoir joué beaucoup d'autres bons matches, mais ce geste les a occultés..."

Les Anglais Alan Shearer ou Gary Lineker ont aussi fait du penalty l'une de leurs spécialités, mais outre-Manche, le maître-tireur est Matthew Le Tissier. L'ancien joueur de Southampton a transformé 49 des 50 penalties qu'il a tirés dans sa carrière, n'échouant que face au portier de Nottingham Forest Mark Crossley, réputé pour son adresse dans cet exercice. Autre spécialiste du coup de pied de réparation, l'Italien Roberto Baggio affiche le ratio de réussite le plus élevé de l'histoire du calcio, avec 76 penalties réussis sur 91 en 22 ans de carrière.

Pourtant, l'ancien Juventino aurait préféré manquer toutes ces tentatives pour n'en réussir qu'une seule, un soir de juillet 1994. Dernier tireur de la Squadra azzurra en finale la Coupe du Monde américaine, Roby voit sa frappe s'envoler et ses rêves de triomphe mondial avec. "Alors que Baggio envoyait généralement des balles rasantes, il a frappé très haut ce jour-là, ce qui montre bien à quel point ces épreuves sont stressantes", se souvient l'Auriverde Branco, dans le camp des vainqueurs ce jour là.

Grands joueurs, immense pression
A l'image du maestro italien, nombreux sont les grands joueurs à avoir connu l'échec depuis le point de penalty. En quart de finale de Mexique 1986, le Français Michel Platini, qui n'avait jamais raté un penalty dans sa carrière, exécuta une frappe digne d'une transformation de rugby lors de la séance de tirs au but. Les Bleus l'ont finalement emporté face au Brésil de Zico et Socrates, deux artistes pour qui la journée fut maudite : le Pelé blanc avait manqué un penalty dans la rencontre, tandis que le Docteur heurta le poteau lors de sa tentative lors de la séance finale...

De la même manière en 2003, David Beckham glissa et ne trouva que les tribunes du stade Şükrü Saraçoğlu lors d'un match de qualification pour l'Euro 2004 en Turquie. Toujours à Istanbul quelques mois plus tard, l'Ukrainien Andriy Shevchenko, alors détenteur du Ballon d'Or, échoua face à Jerzy Dudek et permit à Liverpool de remporter la Ligue des champions de l'UEFA 2005...

Diego Armando Maradona lui-même connut cette mésaventure, et pas qu'une fois ! Lors du tournoi de clôture argentin 1996 avec Boca Juniors, El Pibe de Oro réussit la performance de manquer cinq penalties consécutifs contre Newell's Old Boys, Belgrano, Rosario Central, River Plate et le Racing ! Du coup, lorsque les Xeneizes obtinrent un nouveau penalty contre Rosario Central, Maradona confia la tâche à Juan Sebastian Veron. "Tu t'en occupes, on dirait que je n'arrive même plus à voir le but" se justifia El Diez. Soit. Veron le frappa... et le manqua !

Si on y ajoute le Néerlandais Marco van Basten lors l'Euro 1992, l'Espagnol Raúl lors de l'Euro 2000, l'Ivoirien Didier Drogba en finale de la CAN 2006, ou le Portugais Cristiano Ronaldo en finale de la Ligue des champions 2008, on comprend pourquoi les amateurs du sport roi répètent souvent que "ce sont toujours les grands joueurs qui manquent leur penalty". Bien entendu, ce n'est qu'une idée reçue, car ces joueurs de génie ne manquent pas plus que les autres...

Défenseurs malheureux
Pourtant, en persistant à vouloir trouver une catégorie de joueurs maudits, penchons nous sur les latéraux français. Manuel Amoros en finale de la Ligue des champions 1991 contre l'Etoile Rouge de Belgrade, Bixente Lizarazu en quart de finale de France 1998 face à Gianluca Pagliuca, Eric Abidal en quart de finale de la Ligue des champions 2005 face au PSV Eindhoven...

Mais l'exercice des tirs au but est en règle générale un calvaire pour tous les défenseurs. Lors de la finale de la Copa America 2004, l'Argentin Gabriel Heinze manque complètement sa frappe face au Brésil. Quant au Camerounais Pierre Womé, il se souviendra longtemps du dernier match de qualification pour la Coupe du Monde 2006 contre l'Egypte. A la dernière minute, le Cameroun obtient un penalty qui, s'il est transformé, envoie les Lions indomptables en Allemagne. L'arrière gauche de l'Inter Milan envoie le cuir sur le poteau et son équipe au purgatoire... "Personne ne voulait le tirer parce qu'ils savaient ce qui pouvait arriver s'ils le rataient. A Sydney en 2000, j'ai frappé le dernier tir au but de la finale. J'ai marqué et nous sommes devenus champions olympiques..."

La passe de trois
Mais tous les arrières latéraux ne tremblent pas au moment décisif. L'Allemand Andreas Brehme permit ainsi à la Mannschaft de devenir championne du monde face à l'Argentine en 1990 en inscrivant le seul but de la finale sur penalty. Ironie du sort, en demi-finale l'Allemagne s'était qualifiée aux tirs aux buts contre l'Angleterre, grâce notamment à l'échec de Stuart Pearce. Quel était son poste ? Arrière gauche évidemment...

Terminons ce tour du monde avec deux monuments, le Brésil et l'Argentine, dont les attaquants ont marqué l'histoire des penalties. Lors d'un match qualificatif pour Allemagne 2006, le Brésilien Ronaldo avait battu le grand rival albiceleste à lui tout seul en transformant trois penalties (3:1). Quant à l'Argentin Martin Palermo, il est entré dans les annales lors de la Copa America 1999 face à la Colombie grâce à trois penalties... ratés ! "Au premier match, j'avais marqué deux buts et on disait que je serais le meilleur buteur. Trois jours après, je ratais trois penalties et j'étais devenu le pire de tous. Ça m'a appris qu'en football, tu peux être tout en haut un jour et au fond du trou quelques jours plus tard", philosophe le paria d'un jour.

Toute l'histoire d'un penalty : si simple en apparence, et pourtant si difficile...

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