Blog du FC Horbourg-Wihr

lundi 3 août 2009

La "Paneka"

Pour les jeunes joueurs, ce n'est pas évident de connaître ce nom.
Cyrano des temps modernes, Antonin Panenka a laissé son nom dans l'histoire du football en raison de sa manière de tirer les penaltys. Depuis, la technique de ce joueur tchécoslovaque des années 70 a largement fait école.

C'est en 1976 qu'Antonin Panenka accède à la célébrité en réussissant le dernier tir au but de la finale du Championnat d'Europe des nations.

La Tchécoslovaquie affronte l'Allemagne de Beckenbauer en finale de l'Euro 76, à Belgrade. A cette époque, la RFA est la meilleure équipe du monde puisqu'elle reste sur deux victoires : l'Euro de 1972 et la Coupe du monde de 1974. Après avoir surpris les Pays-Bas de Cruyjff en demi-finale (3-1), les Tchécoslovaques accrochent l'Allemagne en finale (2-2). Il s'agit de la première séance de tirs au but en compétition internationale. Uli Hoeness rate le quatrième tir de l'Allemagne, si Panenka marque le cinquième de son équipe, la Tchécoslovaquie est championne d'Europe.

Tirer un penalty à la « Panenka » est très risqué.
Le principe est de laisser le gardien anticiper le tir pour placer la balle hors de sa portée, idéalement au milieu de la cage, ce qui laisse encore plus de regrets au gardien. Le tir ne doit pas être trop puissant, une balle piquée étant considérée comme le raffinement suprême par les puristes. Et si le gardien n'anticipe pas le tir adverse, il n'a qu'un arrêt (facile) à effectuer, puisque la balle n'est ni placée ni puissante. C'est pourquoi la très grande majorité des joueurs considère la Panenka comme un manque de respect certain pour l'adversaire. C'est un geste risqué, qui prend toute sa dimension quand il est tenté dans des moments cruciaux comme la finale d'une Coupe du monde ou une séance de tirs au but. C'est le geste « brésilien » par excellence, bien qu'il ait été inventé par un joueur tchécoslovaque.

Antonin Panenka, milieu de terrain des Bohémians de Prague, n'est pas qu'un excellent tireur de penaltys. Il convient cependant de relativiser son importance au sein de l'équipe tchécoslovaque. En 1976, il n'en est pas encore un des leaders. Il ne figure d'ailleurs pas au classement du Ballon d'or cette année-là, contrairement à Viktor (troisième), Ondrus (sixième) ou Masny (neuvième). La légende assure qu'il aurait réussi 46 penaltys dans sa carrière sans jamais en rater un seul. La finale de Belgrade n'est toutefois pas la première fois où il tente ce geste. Il l'a déjà réalisé au moins deux fois par le passé : au derby de Prague en 1974 et en finale de la Coupe nationale de 1975.

Joueur du FC Bohemians pendant plus de dix ans, il quitte son pays en 1981 pour le Rapid de Vienne avec qui il remporte plusieurs titres et parvient même en finale d'une Coupe d'Europe. Il participe à la Coupe du monde de 1982 et réussit un de ses fameux penaltys contre la France (1-1), dont le gardien est à l'époque Jean-Luc Etorri. Il s'inscrit dans la digne lignée de ces joueurs très techniques et souvent géniaux issus de l'Europe de l'Est, comme Puskas (Hongrie) et Masopust (Tchécoslovaquie) avant lui, Bonek (Pologne), Hagi (Roumanie) ou Stoïchkov (Bulgarie) après lui.
Un style qui a fait école
Bien tirer une Panenka est une chose, le faire quand le match a un enjeu en est une autre. Dans la série qui suit, on distinguera Kezman et Djalminha, qui font celà dans un « simple » match de championnat, et Zidane, Helder Postiga ou Milevskiy, qui font ça dans des conditions un peu plus osées...

Le geste de Zidane en finale de la Coupe du Monde 2006 ? Pas tout à fait...


Tir au but d'Helder Postiga en quart de finale de l'Euro 2004, contre l'Angleterre, ça compte double !

Artem Milevskiy, avec l'Ukraine en Coupe du Monde, 21 ans, 3 sélections et ... Panenka dans une séance de tir au but !

Le Brésilien Djalminha avec le Deportivo La Corogne, contre le Real Madrid d'Iker Casillas

Le Serbe Mateja Kezman avec le PSV Eindhoven

Une école qui a aussi ses cancres
Mickaël Landreau s'y colle avec le FC Nantes, en finale de la Coupe de la ligue. Ce geste lui vaut une rancune certaine de la part de Teddy Richert, qui arrête pourtant cette Panenka. Richert estime que deux gardiens ne devraient pas se chambrer de cette manière.

A la suite de cet échec, le tout nouveau gardien du PSG tient à clarifier les choses en intervenant sur son blog : « Je suis un joueur. Mes coéquipiers m'ont dit d'y aller, personne ne voulait tirer. Vous connaissez la suite. Le foot est un spectacle, avec l'incertitude du résultat. Voilà quelques jours que j'y pensais. Je suis un joueur jusqu'au bout. Pour cette raison, je ne regrette pas ce que j'ai fait, même si je suis conscient d'être le premier à avoir fait perdre mon équipe. Si c'était à refaire, je le referais. »

Francesco Totti, un peu trop confiant, avec l'AS Roma, échoue lui aussi.

La variante de Johan Cruyff
Cruyff est en fin de sa carrière lorsqu'il réalise une variante de la Panenka. On est en 1982, il joue avec l'Ajax d'Amsterdam. Son compère d'attaque ce jour-là se nomme Jesper Olsen, qui, par la suite, jouera plusieurs saisons avec les Girondins de Bordeaux et le SM Caen. Ce penalty est parfaitement valable, le règlement prévoir simplement qu'un penalty doit être tiré vers l'avant. Mais rien n'empêche de faire une passe, exactement comme un coup franc direct que l'on choisirait de tirer indirectement...

Grand lecteur de nos articles, Robert Pirès tente d'imiter le maître avec la complicité de Thierry Henry. On réalise alors toute la difficulté de la passe aveugle !

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