Le feuilleton RCS continu ...
Philippe Ginestet, président du Racing depuis décembre 2005, s'apprête à passer la main. Julien Fournier, secrétaire général de l'Olympique de Marseille jusqu'en juin dernier, doit prendre sa succession ce matin, en représentant les intérêts d'un investisseur d'origine estonienne basé à Londres. Si l'affaire semble cousue de fil blanc, une question demeure : où va le club strasbourgeois ?
A l'heure où la troupe de Pascal Janin passera à table et peaufinera son plan de bataille pour le match du soir à Nîmes, le Racing devrait avoir changé de main. Loin du Gard et du Stade des Costières, où les Bleus tenteront de prolonger leur série d'invincibilité qui court sur trois journées (lire en page suivante), l'avenir du club se dessinera autour d'une table, dans les bureaux de la Meinau.
Fournier dévoilera ses intentions au nom du repreneur qui ne fera pas le déplacement
Ce matin, Philippe Ginestet a convoqué les membres de la SASP Racing en assemblée générale. Ceux-ci découvriront alors les visages des deux nouveaux administrateurs que le président a prévu de coopter. Il s'agit de Julien Fournier et d'un avocat de la société anglo-saxonne qu'il représente.
Dans la foulée, en comité plus restreint, le conseil d'administration (*) est censé donner son agrément à la passation de pouvoir. Vers midi, Julien Fournier deviendra ainsi le dix-neuvième président du Racing depuis 1933 et le passage à l'ère professionnelle.Ce matin, Philippe Ginestet a convoqué les membres de la SASP Racing en assemblée générale. Ceux-ci découvriront alors les visages des deux nouveaux administrateurs que le président a prévu de coopter. Il s'agit de Julien Fournier et d'un avocat de la société anglo-saxonne qu'il représente.
« Ici, rien ne se passe de façon normale »
L'ancien secrétaire général de l'OM, débarqué en juin dernier en compagnie de Pape Diouf, dont il est un proche, dévoilera alors ses intentions, au nom du repreneur qui ne fera pas le déplacement. Car pour l'heure, personne, hormis Philippe Ginestet et son bras droit Jean-Luc Herzog, n'a été mis au parfum.
« C'est proprement hallucinant, déplore ainsi Dominique Pignatelli, actionnaire d'EuroRacing, la société dont Ginestet est majoritaire et qui gère les affaires du club. Ici, rien ne se passe de façon normale. Philippe avait promis de nous associer au tour de table. Je suis sidéré par son irrespect. Dans une entreprise "classique", cette manière de procéder serait impensable. »
La colère de l'ex-allié du président, intéressé à la partie voilà deux ans à hauteur d'un million et demi d'euros, est peut-être saine. Elle n'en reste pas moins vaine. Concrètement, aucune voix, fusse-t-elle discordante ou véhémente, ne peut enrayer le processus initié il y a quelques semaines par Ginestet. Ce dernier l'a joué en franc-tireur. C'est son droit le plus absolu.
« Un grand financier et un excellent négociateur »
Pour vendre ses parts - 78 % d'EuroRacing pour un investissement total de quelque 5M €, repartis en actions et versement au compte courant -, l'entrepreneur alsacien n'est pas tenu de consulter les autres actionnaires.
Ceux-ci seront placés devant le fait accompli. Ils découvriront donc ce matin l'identité de l'investisseur d'origine estonienne, qui a pignon sur rue à Londres et se cache encore derrière « la clause de confidentialité » établie entre les deux parties.
Comme Julien Fournier entend réserver ses explications au conseil d'administration de ce matin, le brouillard qui enveloppe le dossier reste dense. « Il n'y a pas de mystère autour du repreneur, tranche Ginestet. Je peux juste vous dire qu'il s'agit d'un grand financier et d'un excellent négociateur. »
Reste à savoir si ce passage de témoin se fera dans l'intérêt général du Racing ou profitera au seul Ginestet. En homme d'affaires avisé, ce dernier a peut-être récupéré son investissement sans y laisser trop de plumes, en dépit de la situation sportive peu reluisante.
Les porteurs d'un projet alternatif restent en veille, au cas où...
Forcément, la deuxième hypothèse est privilégiée par ceux qui ont été tenus à l'écart des négociations. Elle semble aussi renforcée par le fait que d'autres dossiers - dont au moins un qui « prend en compte les intérêts des actionnaires alsaciens », selon une source soucieuse de garder l'anonymat - arrivés sur le bureau du président n'ont pas retenu son attention. Les porteurs du projet alternatif, persuadés que « la partie est loin d'être jouée », restent d'ailleurs « en veille et en phase d'observation ».
Il est vrai que le football professionnel recèle de nombreuses histoires loufoques et de revirements imprévus. Le Racing est d'ailleurs coutumier du fait. Philippe Ginestet n'avait-il pas été adoubé en 2004 par Egon Gindorf, avant d'être invité à prendre la porte quelques mois plus tard et de revenir dans la foulée par la fenêtre ? Dans l'intervalle, Alain Afflelou avait campé le rôle de président putatif, ses hommes prenant déjà leurs aises à la Meinau...
Pour les amoureux du Racing, il faut espérer que cette reprise ne soit pas juste du vent
Plus médiatisée, l'affaire Kachkar, voilà deux ans, avait aussi tenu en haleine la France du ballon rond. Arrivé à Marseille toutes sirènes hurlantes, le Canadien dansait déjà sur les tables des vestiaires du Vélodrome. Mais le successeur présumé de feu Robert Louis-Dreyfus avait fini par être démasqué, son plan de rachat s'avérant totalement "bidon."
Réputé pour être un homme discret mais efficace, Julien Fournier, qui a vécu de l'intérieur le cocasse épisode phocéen, saura certainement se prémunir contre un coup d'esbroufe du même acabit. Pour les amoureux du Racing, lassés par toutes les turpitudes que leur club a subies ces dernières années, il faut espérer que cette énième reprise ne soit pas juste du vent.
Sébastien Keller (DNA)
(*) Jusqu'à ce matin, le Conseil d'administration du Racing est composé de sept membres : Philippe Ginestet, président, Jean-Luc Herzog, président-délégué, Léonard Specht, Dominique Pignatelli, Éric Vogel, Thierry Wendling et Me Nicolas Wiltberger.
Édition du Ven 4 déc. 2009
Une société du nom de FC Football Capital Ltd, regroupant des actionnaires dont le nom n'a pas été communiqué pour l'heure et dont le directeur financier est un certain Roman Loban 'estonien), a pris le contrôle du Racing Club de Strasbourg ce matin. C'est la fin de l'ère Philippe Ginestet.
Comme annoncé, ce sera bien Julien Fournier, ancien secrétaire général de l'OM qui succédera à Philippe Ginestet dans le fauteuil présidentiel du RCS.
Il représente les intérêts d'un investisseur estonien Roman Loban, installé à Londres et qui possède plusieurs sociétés spécialisées dans la finance et la gestion de fortunes. Roman Loban est lui-même le représentant d'un ou plusieurs autres investisseurs dont le nom n'est pas connu pour l'heure.
Julien Fournier est entré au conseil d'administration du RCS ce matin en compagnie semble-t-il d'un avocat français Me Christophe Cornelie. M. Loban n'est pas présent à Strasbourg.
Le projet de reprise présenté devant l'assemblée générale de la SASP Racing (qui compte une trentaine de petits actionnaires) a été qualifié "d'ambitieux" et Julien Fournier aurait annoncé le recrutement de trois joueurs pendant le prochain mercato.
Roman Loban, qui représente les intérêts d'un ou de plusieurs autres actionnaires, a créé FC Football Capital Ltd, dont l'objet unique était la reprise du RCS. Roman Loban est le directeur financier de cette société.
Les nouveaux actionnaires se sont engagés à investir 10 millions d'euros en deux ou trois saisons.
D'après les recherches que nous avons pu faire, une société intitulée FC Football Capital Ltd domiciliée au Palladium House de Londres a été enregistrée le 5 novembre 2009 au registre de commerce anglais.
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