Blog du FC Horbourg-Wihr

jeudi 4 mars 2010

« Temps mort », si on se lançait ?


 
La Ligue d’Alsace lance une expérimentation sur le « temps mort » au niveau des poussins sur la phase retour. Une première étape avant la généralisation ?
Vincent Voegtlin
Photo : Le temps mort est habituel dans bien des disciplines, comme ici le basket avec Jamel Benabid et les Mulhousiens, mais pas au foot où l’expérience sera tentée ce printemps chez les poussins.

L’idée avait été lancée par l’équipe technique de la Ligue d’Alsace lors du recyclage annuel des éducateurs alsaciens en août dernier à Benfeld. Depuis, elle a fin du chemin et va entrer, à l’occasion de la phase retour dans une phase expérimentale. Une soixantaine d’équipes du Haut-Rhin et un groupe entier de Poussins promotion du Bas-Rhin vont tester le dispositif. « Il s’agira d’un temps mort qu’on appelle « technique » d’une minute et chaque équipe peut en demander un au cours de chaque mi-temps », explique Francky Christlen, conseiller départemental du foot d’animation du Haut-Rhin. Pour le demander, l’éducateur fera le signe « T » avec ses mains en s’adressant à l’arbitre, à condition que son équipe soit en possession de la balle. « L’objectif est clairement pédagogique et technique et c’est pour cela que nous le testons au niveau du foot d’animation. L’éducateur peut s’en servir pour réexpliquer une notion, mais aussi, par exemple, pour valoriser ses joueurs qui viendraient de réaliser parfaitement un exercice vu à l’entraînement dans la semaine. C’est vu comme un outil supplémentaire à sa disposition ». Du bilan de fin de saison dépendra l’extension à la totalité de la catégorie à la rentrée prochaine, voire une éventuelle extension aux U13 par exemple.

L’expérience des autres

Le football n’est pas, loin s’en faut, le seul sport où la notion de « temps mort » n’existe pas. On le connaît dans le handball, le basket, le volley, le football américain, le tennis de table (uniquement en double) et dans le …futsal. Pour Jean-Luc Le Gall, entraîneur du club de hand de Sélestat et ancien CTR, « le temps mort est devenu un outil très important » dans sa discipline où il n’a été introduit qu’en 2001 avec un temps mort par mi-temps, réclamé à l’aide d’un carton vert adressé à la table de marque lorsque son équipe est en possession du ballon. « Nous avions déjà beaucoup de leviers sur le banc en handball avec la possibilité de changer autant de joueurs qu’on le souhaite, mais le temps mort est venu s’ajouter à l’arsenal. On s’en sert pour casser la dynamique positive de l’adversaire, mais on tente surtout de le conserver pour ce qu’on appelle le « money time », la fin de rencontre où tout se joue. On sait qu’au meilleur niveau, un match peut basculer sur un changement tactique », explique Jean-Luc Le Gall. « Chez les petits, c’est davantage pédagogique. Je trouve que c’est intéressant que le foot s’y mette aussi. Je pense que chez les plus jeunes, cela peut aussi permettre de limiter l’influence de l’environnement des enfants sur le terrain de foot, je pense notamment aux parents par exemple ».

Un temps mort par quart temps

Au basket, l’usage du « temps mort » est devenu une réelle habitude. Un match sans « temps mort » serait un véritable ovni, surtout à un certain niveau. L’entraîneur de basket dispose, chez les seniors, de cinq « temps mort » dans son match, deux pour la première mi-temps, trois pour la seconde. « Il est demandé par l’entraîneur lors de n’importe quel arrêt de jeu ou à la suite d’un panier encaissé », précise Isabelle Firmann, conseillère technique fédérale du comité du Haut-Rhin de basket. « Chez les amateurs, il permet de recadrer un aspect tactique ou de gérer aussi la fatigue en fin de match. A haut-niveau, on voit les entraîneurs le conserver pour la fin de match et la gestion d’une action clef par exemple. Il permet aussi de briser l’élan positif de l’adversaire ». Le comité du Haut-Rhin a étendu l’usage du « temps mort » aux plus jeunes. Dès le « baby basket » et chez les poussins, il existe un « temps mort » par quart temps. « Là l’utilisation est moins systématique, surtout lorsqu’une équipe domine de la tête et des épaule. Je trouve que ça ne peut être qu’une bonne chose pour les plus jeunes au football, notamment pour recadrer un aspect tactique ».

Question de culture

Handballeurs et basketteurs ne sont pas le seuls à utiliser le « temps mort ». Certains footballeurs ont également la possibilité de l’utiliser, à raison d’une fois par mi-temps et par équipe. Mais contrairement aux deux autres disciplines, son usage est loin d’être systématique, surtout lorsqu’on sort du haut-niveau international. Il est fréquent de voir un match de championnat national futsal s’achever sans qu’aucun des deux entraîneurs n’ait demandé la moindre pause. « C’est vrai que ce n’est pas dans la culture du footballeur », explique Rodolphe Lopez, l’entraîneur du Sporting Paris Futsal, l’un des meilleurs clubs français actuellement. « Il y aussi le fait que beaucoup d’entraîneurs sont aussi joueurs et qu’il n’est pas évident de gérer le tout. A titre personnel, je trouve c’est un outil vraiment intéressant, surtout dans une passe difficile lorsqu’on encaisse une série. Cela permet de stopper l’hémorragie, de remotiver, de replacer. En futsal, le temps mort permet également un temps de récupération au plan physique. Je l’utilise parfois lorsqu’on part avec un effectif court. Une minute de récupération, c’est important ». Seul bémol pour le technicien du Sporting Paris, « le fait qu’il faille passer par l’arbitre et attendre le prochain arrêt de jeu. Cela peut parfois être long. Je trouve que l’utilisation du temps mort chez les poussin en extérieur ne peut avoir que des aspects positifs.

Pour ce qui est de l’étendre à toute la discipline, je suis sceptique, le football a ses habitudes et du mal à les changer ».

Stéphane Heili

(C) LAFA - 2010

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