Blog du FC Horbourg-Wihr

mercredi 17 mars 2010

Sport et régions, l’heure des comptes

Les élections régionales sont l‘occasion d‘un éclairage porté sur les 442 millions d’euros que dépensent annuellement les 22 régions de métropole dans le domaine du sport. Un panorama où l’Alsace se distingue…
Le sport est peu présent dans la campagne des régionales. Quelques mots par-ci par-là permettent d’aborder ou plutôt d’effleurer le sujet dans les programmes et les déclarations. « Mettre en place avec les territoires une politique ambitieuse de développement des pratiques sportives avec de nouveaux équipements et un appui aux clubs » ou « Un développement de la pratique culturelle et sportive » lit-on par exemple dans les programmes des deux listes que les sondages placent en tête en Alsace. Et le ban est fermé. Pourtant, les 22 régions françaises de métropole dépensent annuellement près de 442 millions d’euros dans le sport. Certes, cela ne représente que 1,71 % de la dépense sportive publique, loin des collectivités locales (68,73 %) et de l’Etat (24,17 %) mais leur progression est forte. L‘Association des Cadres Territoriaux du Sport des Conseils Régionaux (A.C.T.S.C.R.) qui recense les chiffres tous les deux ans fait état d‘une progression de 16 % entre 2005 et 2007 de ces dépenses directes (les chiffres 2009 sont encore en cours de collecte). Elles augmentent toutefois légèrement moins que les budgets globaux des régions. Dans le détail, 70 % des dépenses sportives des régions sont liées aux compétences spécifiques qui leurs ont été accordées : éducation, formation - emploi et aménagement du territoire. Ainsi 38% vont à l’aménagement du territoire, soit plus de 167 millions d’euros, 22 % aux lycées soit 98 millions d’euros et 10% à la formation et au développement de l’emploi, soit 44 millions.

55 % des dépenses pour les investissements

Le solde de 30 %, soit 132 millions d’euros, relève du soutien au sport fédéral et regroupe les aides aux ligues et comités, à la filière sport de haut niveau et aux clubs. S’y ajoutent les aides à la pratique de masse, le soutien aux manifestations, la santé et l’ensemble promotion - études - colloques. En considérant les 442 millions en terme de répartition entre investissements et fonctionnement, 244,5 millions d’euros vont aux premiers, dont 220 millions pour les équipements sportifs (en augmentation de 36,8 millions par rapport à 2005) et 197,5 millions d’euros au second. L’aide au sport fédéral se taille la part du lion du fonctionnement avec 118,6 millions d’euros devant l’ensemble éducation - emploi - formation avec 69 millions d’euros. Montants totaux et ventilations (entre investissements et fonctionnement et par postes) varient fortement d’une région à l’autre. Pour une région comme l’Ile de France qui dépense 55,2 millions d’euros pour le sport (4,77 euros par habitant, 1,37 % du budget total), l’Alsace n’en dépense que 5,94 millions (3,25 euros par habitant et 0,77 % du budget). Les autres régions les plus généreuses pour le sport sont PACA avec 47,15 millions (9,79 euros /hab) ou encore la Picardie avec 32,8 millions (17,38 euros /hab et 3,60 %). Le Grand Est a plus de retenue sur le sujet, la Champagne fermant la marche (8,56 millions d’euros soit 6,41 euros /hab) avec la Franche-Comté (7,6 millions et 6,58 euros /hab) et notre région. L’Alsace se singularise aussi par l’accent mis sur le fonctionnement (84 % du budget) et donc la faiblesse du financement des équipements (16%) et en étant la première en France par l’importance accordée aux clubs dans les dépenses de fonctionnement (68 %). Rhône-Alpes ne leur accorde que 5 %.

L’Alsace se singularise

Et la région rhénane sort du lot français en n’accordant que 48 % de ses investissements aux équipements sportifs. Dans cinq régions dont l‘Auvergne, la Franche-Comté et l’Ile-de-France, cette proportion est de 100%. Avec un tissu associatif très dense, regroupant plus de 5 000 associations sportives et plus de 450 000 licenciés, l'Alsace se situe parmi les régions les plus sportives de France. Cela explique le soutien appuyé aux clubs évoqué précédemment. Pour 2010, la politique sportive du Conseil régional d’Alsace s'articule autour de deux axes majeurs : la promotion de la pratique sportive et tout particulièrement du sport de haut niveau, dont l'objectif est d'accompagner les meilleurs clubs et athlètes évoluant en Alsace (progression mais aussi reconversion) et l’aménagement sportif via le soutien à certains équipements spécialisés de secteur. Ainsi 4,32 millions d‘euros seront consacrés à cette politique. La promotion de la pratique se décline d’une part en une aide à cinquante ligues et comités régionaux au moyen de conventions quadriennales (sports olympiques et paralympiques) et de conventions biennales (sports non olympiques affinitaires ou assimilés et de loisirs) pour un budget de près de 470.000 euros. La Ligue d’Alsace de Football bénéficie d’une convention quadriennale de 20 000 euros par an visant à soutenir la formation des techniciens et dirigeants, la participation aux compétitions nationales et la détection et l’éveil à la pratique sportive.

Soutien aux manifestations et aux équipements

En outre, un budget de 400 000 euros est consacré au soutien à quelque 100 manifestations sportives exceptionnelles ou de dimension internationale dans tous les sports, sur proposition des ligues et comités sportifs régionaux concernés. L’aide se décline par ailleurs par le soutien au sport de haut niveau. Cent clubs sont aidés chaque année, dont huit clubs de football de D2 féminine, de CFA et de CFA 2 masculine (mais pas les clubs de futsal dont la discipline n’est pas reconnue par la Région Alsace), pour 1,4 millions d’euros ainsi que des athlètes (90 athlètes pour un total de 200.000 euros). S‘y ajoute l’accompagnement des formations qui évoluent dans l’excellence et dans un environnement « professionnel » : le RC Strasbourg Football, la SIG Basket-Ball et l’ASPTT Mulhouse Volley-Ball féminin pour un total de 693.000 euros. Côté aménagement sportif du territoire, la Région a budgété 1,1 million d’euros cette année pour aider au financement d’équipements, dont le Centre d’entraînement et de formation pour la natation à Mulhouse.

Une ligne supplémentaire s’ajoutera en cas de modernisation du stade de la Meinau pour l’Euro 2016. Si la France est retenue bien sûr.

Le budget de la Région Alsace

Le budget total pour 2010 du Conseil Régional d’Alsace s’élève à 778 millions d’euros. Il est réparti en trois grands ensembles : transports, éducation et formation et économie et développement. Les principaux postes sont les transports TER avec 144 millions d’euros, les lycées avec 116 millions d‘euros, le fonctionnement courant avec 80,5 millions d‘euros. Suivent les infrastructure avec 70,8 millions, la formation professionnelle et l’apprentissage, qui relèvent de l’ensemble « éducation et formation » (où apparaît un sous-ensemble culture et sport) avec respectivement 65,2 millions et 63,7 millions d‘euros. Côté recettes, 62,6 % viennent de l’Etat, 17,6 % de l’emprunt et 14,4 % de la fiscalité.

Le fameux millefeuille français

La France est championne du monde de l’empilement administratif aussi appelé millefeuille. Aux collectivités locales que sont les communes et les intercommunalités en pleine croissance (communautés de communes, d’agglomération ou urbaines) s’ajoutent les collectivités territoriales, c’est-à-dire le département (et son découpage en cantons) et la région. Sans compter, ce qui se profile : les pays (plusieurs com com) et maintenant les métropoles. Les collectivités locales et territoriales subviennent pour 32 % de la dépense sportive totale en France, l’Etat pour seulement 10,2 % et les ménages pour 50,7 %. La Région représente 0,72 % de cette dépense et 1,7 % de la part publique.

En Lorraine

Cette année, la Région Lorraine a budgété les dépenses sportives suivantes : aides aux ligues via une convention annuelle pour 1,59 million d‘euros, soutien aux clubs de haut niveau, hors professionnels mais y compris aides aux centres de formation des clubs pros (soit 180 000 euros pour le FC Metz et l’ASNL et 110 000 euros pour le club de basket nancéen) pour 2,72 millions d‘euros, soutien aux athlètes de haut niveau (en pôle lycée et CREPS en Lorraine ou ailleurs si nécessité) pour 285 000 euros et soutien à 9 clubs pour 372 000 euros. L’aide à la formation au BE s’élève à environ 460 000 euros.

Chez nos voisins

En Allemagne et en Suisse, le rôle sportif du Land et du Canton sont clairement définis. Outre Rhin, le sport relève du ministère de l’éducation, de la jeunesse et des sports du Land de Bade-Wurtemberg. Ce dernier est chargé de la promotion du sport de haut niveau et de masse en lien avec les ligues et les clubs, de la collaboration avec les écoles supérieures de sport, les écoles et les clubs et du soutien financier à la construction d’équipements. En Suisse, le canton de Bale Ville possède un service cantonal des sports dont les missions sont de promouvoir le sport sous toutes ses formes et à tous les niveaux de pratique en tant que vecteur d'une meilleure santé et pour de meilleures relations entre les personnes, favoriser la coordination entre les divers acteurs en harmonisant notamment les relations entre la Confédération, l'Etat, les communes, les écoles, les associations, les offices fédéraux et le canton, assurer toutes les tâches du canton en relation avec Jeunesse et Sport et informer.

Joël Hoffstetter

(C) LAFA 2010

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