Alors que tout le football français célèbre à l’unisson l’attribution de l’Euro 2016, l’heure de faire les premiers mécontents ne va pas tarder.
Bien que la France ait rallié le 28 mai la majorité des suffrages des membres du Comité exécutif de l’UEFA (7 voix, contre 6 à la Turquie), une lecture attentive du rapport d’évaluation publié deux semaines plus tôt par la fédération européenne (1) laisse à penser que la candidature tricolore n’a pas totalement honoré les "recommandations" suisses (lire "Le stade parfait n'existe pas"). Ce qui a valu notamment une position de léger favori à la Turquie qui, notamment sur la question des stades, partait d’une page quasiment blanche, et avait alors tout loisir d’intégrer les exigences UEFA dans sa réponse à l’appel d’offre.
Jacques Lambert, directeur général de la FFF et cheville ouvrière de la candidature, n’a d’ailleurs pas caché que le dossier français se voulait réaliste, et ne proposerait pas des promesses intenables, comme par exemple les lauréats de 2012, l’Ukraine et la Pologne – visant ainsi indirectement la Turquie. Le volet "infrastructures" au sens large (transports, hôtellerie…) du dossier français correspondait aux demandes UEFA, quelques libertés ont été prise concernant les stades. Certaines logiques – comment changer la profondeur d’un gradin dans le cadre d’une rénovation, pour atteindre les 80 cm requis, sans détruire et reconstruire ladite tribune? –, d’autres parce qu’elles aidaient le football français dans sa stratégie de modernisation de ses enceintes sportives.
Projets du Vélodrome rénové et du futur stade de Lille. Surnoms pressentis: la Méduse et le Labo.
Le grand huit
Le fait est ainsi passé inaperçu, mais la France a soumis douze stades dans sa candidature, sans distinguer, comme le souhaitait l’UEFA, les neuf stades "titulaires" accueillant la compétition, et les trois dits de "réserve". Pourquoi cette préconisation? Sous l’influence probable de la LFP, il a été décidé de ne pas décourager en cours de route certains projets "remplaçants", et de les amener le plus loin possible. En espérant que les démarches entamées, voire les travaux de construction, soient trop avancés pour faire ensuite marche arrière. Le plus loin possible signifie mai 2011, comme il a été précisé dans le rapport d’évaluation. Il reste donc un peu moins d’un an pour choisir les neuf titulaires. Ou plutôt pour choisir le neuvième.
Car, selon tout logique, huit stades ont déjà la certitude de recevoir au moins cinq matches de l’Euro 2016, et au maximum sept (comme le précise le cahier des charges): le Stade de France, le Parc des Princes, le Vélodrome pour des raisons évidentes d’impact économique, social et géographique. Les quatre nouveaux stades à Lyon, Bordeaux, Lille et Nice seront également de la partie. Strasbourg, capitale européenne, prévoit une rénovation d’une telle envergure pour la Meinau qu’il est également difficile de ne pas considérer qu’une place lui est acquise (2).
Projets : Stade de la Meinau à Strasbourg et Stade Marcel-Picot à Nancy.
Une place de libre pour trois strapontins
Reste donc à choisir entre Lens, Toulouse, Nancy et Saint-Étienne. Et mai 2011 semble arriver bien vite tellement les arguments de ces quatre candidats sont nombreux. Lens présente le projet avec le plus d’envergure, Gervais Martel est vice-président de la FFF, mais souffre de la concurrence géographique de Lille et de son nouveau stade. Toulouse, bien que la rénovation du Stadium soit de moyenne importance, mise sur le fait que la cinquième ville de France, en plein développement démographique, ne pourrait se voir priver de la compétition. D’autant qu’avec Bordeaux, dont le projet nouveau stade restait encore bancal le 27 mai au soir, elle représente la seule ville "à l’ouest" de la candidature. Nancy est la ville de Michel Platini, qui verrait probablement avec affection un Euro dans sa cité. Et Saint-Étienne entretient des relations de proximité très fortes avec la FFF…
Les collectivités locales s’engagent fortement dans chacun de ces projets, soit financièrement (les rénovations du Stadium et de Geoffroy-Guichard sont financées à 100% par le public), soit humainement (le fait d’être ville de réserve nécessite de travailler comme un titulaire concernant l’accueil des supporters, la sécurité, la mise à disposition de l’aéroport). Les élus locaux recalés ne manqueront pas de le rappeler d’ici la sélection fatidique.
Voici une image aggrandie du projet alsacien :
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